7 Apériel, même année.
Suika ressortit de l’hôtel de vente des tailleurs avec une cape flambant neuve, vert foncé, munie d’une capuche.
Parfait, pensa-t-elle, je n’ai plus qu’à me faire la plus discrète possible.
En dehors de ses mésaventures avec le Pandore, elle s’était rendue sur l’île de Pandala pour une raison bien précise. En effet, quelques mois plus tôt, elle avait prêté serment au roi de Bonta, afin d’obtenir certains avantages dont bénéficient les Bontariens, notamment commerciaux. Afin de prouver sa valeur stratégique dans le combat contre la cité de Brakmar, le chef de la milice lui-même avait ordonné à Suika de prendre en filature un Brakmarien haut gradé dont la dernière localisation se trouvait être la forêt de Pandala, dans laquelle il était soupçonné de braconnage. Suika avait mené son opération quasiment à la perfection, mais le zaap désactivé l’empêchait de ramener son rapport.
Elle décida donc de retourner dans la forêt afin d’observer sa cible encore un moment, quelques heures supplémentaires ne déplairaient pas à son supérieur.
Tandis qu’elle se faufilait entre les bamboutos, Suika se rappela d’une amie Sram, qui était nettement meilleure qu’elle en matière d’espionnage, d’ailleurs, c’est en général aux Srams que l’on confie ce genre de mission. Il faudrait qu’elle la recontacte, histoire d’aller boire une bonne petite bière dans une taverne tranquille, un de ces jours. Perdue dans ses pensées elle faillit ne pas remarquer qu’elle se dirigeait tout droit vers Feudala, la région la plus au Nord de l’île.
Elle s’arrêta près d’une rivière afin de faire une petite pause. Bon, songea-t-elle, j’ai pas retrouvé ce Brakmarien, il a dû partir de l’île en passant par le pont qui la relie à la contrée d’Astrub. Tant pis, je vais en profiter pour visiter un peu Feudala, en attendant que les zaap fonctionnent de nouveau.
Elle sut facilement qu’elle était arrivée à destination, il suffisait de regarder le paysage aux alentours, la végétation faisait place à de la roche, le sol avait l’air calciné, l’air sentait le souffre et il faisait nettement plus chaud, ce qui força Suika à enlever sa cape, qui détestait l’odeur de la transpiration presque autant que celle du clakoss.
Suika entra dans la cité, qui n’avait pas l’air très peuplée. Malgré son apparence, elle aimait cette région. En tant que disciple de la déesse Crâ, elle avait choisi la voie du feu, prisée par de nombreux semblables. Elle avait décidé de s’y engager complètement, cherchait souvent des moyens d’améliorer ses techniques de tir et de gagner en puissance. Calme en apparence, elle avait pourtant appris à se forger un caractère aussi brûlant que ses flèches lorsqu’on arrivait à épuiser sa patience.
Le premier endroit où elle se dirigea fut donc le temple. Le bâtiment respirait la sérénité et la puissance à la fois, c’était… impressionnant. Elle entra d’un pas décidé et resta figée par ce qu’elle découvrit.